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Floriane Bléas
Floriane Bléas
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11 février 2007

Christian Chesnot : ambiance mitigée

Vendredi 9 février, l'IUT (Institut universitaire de technologie) journalisme de Cannes avait invité le très médiatique Christian Chesnot à venir s'exprimer lors d'une conférence professionnelle. Retour sur une atmosphère plus que particulière.

« T'imagines, on va rencontrer Christian Chesnot ! » La majorité des étudiants n'en croyait pas leurs yeux lorsqu'ils ont vu, placardée sur le panneau d'affichage de l'IUT, l'annonce de la conférence. L'événement est de taille. Non seulement, c'est la première fois qu'ils reçoivent un journaliste ayant été correspondant à l'étranger mais en plus, ils vont rencontrer celui pour qui ils ont tremblé 124 jours durant en 2004. A 14h, il y a ceux qui trépignent d'impatience, ceux qui abusent de la cigarette et ceux qui relisent les questions préparées depuis plusieurs jours. Le journaliste est en retard. Trois quart d'heure passent. Christian Chesnot fait son apparition. Habillé d'un pantalon noir et d'un pull bleu marine, il n'a presque rien du « super journaliste » tant attendu. En plus, il est enrhumé.

« Amman est un carrefour »

Le manque de charisme de Christian Chesnot est rapidement mis de côté à l'évocation de son parcours. Diplômé de Science Politique et du CFJ (Centre de formation des journalistes) de Paris, il part en 1999 pour Amman en Jordanie, «  une terre vierge où l'on pouvait faire son trou ». La capitale n'accueille encore que très peu de journalistes et est « le véritable carrefour du Proche et du Moyen Orient ». Le placement est stratégique. Il rayonne à la fois sur Beyrouth et Jérusalem mais aussi sur Damas, Bagdad, le Caire... Pigiste pour RFI, La tribune (Genève), Le point, Christian Chesnot fait à l'époque ce qu'il veut, « j'étais au coeur de tout. » En 2003, la situation change. Les Américains donnent le ton en envahissant Bagdad. Les journalistes affluent. Les aller-retours pour lui se multiplient. Sans pour autant devenir un correspondant de guerre : « Je n'étais pas au front », explique t-il. Privilège qu'un journaliste de presse écrite et de radio possède sur ses confrères de la télévision lorsqu'il s'agit de couvrir un pays en crise.

La captivité

Cet avantage ne lui évitera pourtant pas « cette histoire d'otage ». Le 20 août 2004, alors qu'il est en reportage avec Georges Malbrunot, entre Bagdad et la ville sainte de Nadjaf, Christian Chesnot croise le chemin d'un groupe d'obédience salafiste, l'Armée islamique d'Irak. « Un rapt d'opportunité », selon lui. Un rapt qui les conduira à une longue captivité. Les jours passent. Le temps s'écoule au rythme des appels à la prière de la mosquée. « Grâce à elle et au soleil, nous avions des repères temporels même si l'on s'installe dans la captivité très vite ». Les deux journalistes parlent arabe. Un infime échange s'établit avec les ravisseurs. « Nous savions qu'il y avait des négociations. Tant qu'ils nous demandaient d'enregistrer des preuves de vies (NDLR : des cassettes vidéo), cela voulait dire que ça n'en n'était pas fini pour nous. » Les étudiants ont envie d'en savoir d'avantage sur cette détention. La mort de Saddam Hussein ou la solution au conflit en Irak ne sont visiblement pas des sujets qu'ils ont envie d'aborder avec l'ex otage. Les réponses courtes de l'invité semblent en agacer quelques uns, peut-être presque déçus que celui ci ne porte pas plus les séquelles d'un tel drame. Ils reformulent leurs questions. Les réponses demeurent succinctes. Sans émotions. Christian Chesnot est évasif. Y a t-il eu une rançon pour sa libération ? Il ne le sait pas. Son enlèvement a t-il changé sa conception du métier ? Oui. « Il y a un avant et un après mais je suis toujours le même ». Les réponses paraissent complaisantes. Comme son passage au journalisme « assis », derrière un bureau de France Inter, suspendu à un téléphone, depuis le 1er avril 2005. « Il aurait été mal venu de ne pas accepter un CDI ».

« La France va chercher ses otages »

Au fond de l'amphithéâtre, les derniers rangs s'émoustillent. « Il ne répond pas sincèrement », chuchote une élève. « Il n'est pas celui auquel je m'attendais. » Trop d'espérances conduisent à la déception. Christian Chesnot est un journaliste que la médiatisation a sans doute rendu plus grand qu'il n'était réellement. Un journaliste néanmoins reconnaissant envers les Français : « Vous appartenez aux gens parce qu'ils ont souffert avec vous. » Un journaliste reconnaissant envers son pays. « La France va chercher ses otages. » Presque tous. Le 23 février prochain, Ingrid Bétancourt fêtera ses cinq ans de captivité.

Floriane Bléas

  A lire : Mémoires d'otages : notre contre-enquête. Ch. Chesnot, G. Malbrunot. Ed.Broché

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Commentaires
P
J'aurai bien aimé le rencontrer ! La chance !
R
Les conclusions sont simples :<br /> * tant pis pour le bleu marine alors (c'est pas si moche tu sais !)<br /> * promis je penserai à ménager ta blonde chevelure des mots trop longs que je dois moi-même vérifier sur Wikipédia avant de sortir :)<br /> * et pour le reste...quelques certitudes mais encore beaucoup d'interrogations ?
F
Je déteste le bleu marine.<br /> Je veux du terrain.<br /> J'aime le micro mais pas au point de me cacher derrière.<br /> Je ne suis pas une icône et je ne suis pas prête de le devenir.<br /> Oligarchie est un mot de plus de deux syllabes que je ne comprends pas (humour)<br /> <br /> Tires en tes conclusions.
R
De quel "type" de journalisme te sens-tu la plus proche ?<br /> <br /> Je sais que le parcours professionnel ne se dessine pas toujours comme on le pressent, mais comment te verrais tu ?<br /> <br /> - plutôt comme un Christian Chesnot au plus près des populations des pays en conflit ? (je te l'achèterai le pull bleu marine au pire ;) )<br /> - plutôt "derrière un bureau" d'un groupe national ?<br /> - plutôt derrière un micro de radio ?<br /> - plutôt à être une icône présentant un grand JT ?<br /> - plutôt dans un groupe régional loin de l'oligarchie parisienne ?<br /> - ...<br /> <br /> Ou si tu ne veux dévoiler des aspirations personnelles, quels avantages vois-tu dans l'un ou l'autre...
Floriane Bléas
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