Virtuel & Médias : le journalisme en sursis ?

Les 23, 24 et 25 novembre dernier se tenait la troisième édition des Rencontres de Cannes. Cette année, le colloque réunissait quelques-unes des plus grandes plumes du journalisme français autour du thème : Virtuel & Médias : le journalisme en sursis ?

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Vers le papier numérique ?

La révolution numérique pose beaucoup de questions et apporte peu de réponses. Ce constat est valable pour énormément de domaines et en particulier pour le journalisme. L'émergence de sites d'informations et de blogs de "journalistes citoyens" fiche la frousse à la presse écrite. En totale perte de vitesse, nombreux sont ceux à parier sur la disparition du média papier d'ici à une dizaine d'années.

Un média peut-il réellement en chasser un autre ?

En 2007, on compte environ cinq millions de blogs dans le monde. 400 000 blogs seraient référencés en France. Aujourd'hui reste à savoir combien sont ceux qui sont réellement actifs et ceux que l'on peut apparenter à l'information. Le web offre de nouvelles possibilités aux journalistes et notamment l'écrasement de la périodicité. Ni quotidien, ni hebdomadaire, ni mensuel, Internet est un média permanent. "La ré actualisation est dix, vingt, cent fois, plus rapide qu'à la radio. Cela provoque un effet vertigineux de l'information.", note Hervé Gattegno, rédacteur en chef au magazine Le Point. Et pour cause, l'internaute est noyé sous les dépêches et autres articles. S'il s'y intéresse.

Info gratuite, info de qualité ?

Derrière l'engouement que suscite le métier de journaliste se cache une réalité bien trop régulièrement oublié par les lecteurs : l'économie des médias. "40% du prix d'achat d'un journal va à la distribution, 35% à l'impression, 10% à l'achat du papier. Les 15% restants sont pour les journalistes.", relate Hervé Gattegno. Écrire sur le web, c'est s'affranchir de la quasi totalité de ces coûts. Tentant. Pour autant, l'accès gratuit à l'actualité est-il le gage d'une information de qualité ? Tout est une question de mesure. Sans un site comme Rue89, la France n'aurait peut-être jamais su que la première dame de France (à l'époque) n'avait pas été votée au second tour des élections présidentielles. Cette information est relative. Cécilia Sarkozy est avant tout citoyenne. A ce titre, elle est en droit, comme des milliers de Français, de voter ou non. Ce qui est moins relatif, c'est l'information dissimulée derrière cette annonce : le Journal du Dimanche, propriété du groupe Lagardère, avait découvert l'information mais n'avait pu, menaces et pressions à l'appui, l'a révélé. Le web dans ce cas aura été le fidèle ami de la liberté d'expression. Mais que dire des centaines de fausses informations qui y circulent aussi ? Le dilemme aujourd'hui pour les journaux nationaux et régionaux est de se positionner sur ce nouveau média sans pour autant créer son propre concurrent. "Le Point n'a pas encore trouvé sa stratégie. Nous ne voulons pas d'un Point bis. Nous devons produire un nouveau contenu et non une réplique du papier.", explique Hervé Gattegno. Du côté de l'hebdomadaire Marianne, la formule est toute trouvée : "Vous ne verrez jamais sur Marianne2.fr une information qui aura été publiée dans le magazine", certifie Philippe Cohen, rédacteur en chef du site depuis septembre 2007.

Une information payante ?

Qui dit gratuité de l'information dit publicité. Mais là encore, le juste milieu est loin d'être acquis. "Un lecteur de presse écrite vaut dix internautes", relate Philippe Cohen. Tant que ce constat n'évoluera pas, aucun moyen pour les sites de journaux d'information ou pour les blogs de gagner de l'argent. Seule solution, l'information payante ? Un vrai défi.  Le tout numérique n'est donc probablement pas pour demain. La lecture dématérialisée non plus.