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Floriane Bléas
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21 décembre 2007

Les clandestins du Cotentin

Les Normands le savent tous : « Cherbourg, on y vient. On n'y passe pas par hasard. » Ce précepte est inhérent à cette agglomération enclavée à la pointe du Cotentin. Il trouve un écho singulier lorsqu'il est assimilé au rôle complexe que joue Cherbourg aujourd'hui face à l'affluence d'immigrés clandestins. Depuis la fermeture du centre d’hébergement et d’accueil d’urgence humanitaire de Sangatte en 2002 (créé en 1999), des dizaines de clandestins joignent cette ville maritime de la Manche dans l'espoir de pouvoir, un jour, gagner l'Angleterre.

Des CRS pour solution

La majeure partie de ces immigrés est irakienne. De jour, ils squattent un terrain municipal. A l'abri, sous des tentes, ils sont discrets. Lorsqu'on les remarque, c'est furtivement. Aux abords du centre commercial. Aux alentours de la rade. De nuit, ils se volatilisent. Mais tout le monde sait où leurs pas les mènent. Vers la gare maritime de Cherbourg. Le rêve d'Angleterre est tenace. Quand le crépuscule pointe, le dispositif s'enclenche. « Les tentatives de passage se font dans des conditions de plus en plus tendues et violentes. », affirme le député-maire de Cherbourg, Bernard Cazeneuve. « Aujourd'hui, les chauffeurs routiers ont tous ou presque des battes de base-ball dans leur cabine pour se défendre », témoigne Serge Henry, directeur d'exploitation à la Chambre de commerce et d'industrie. Pour tenter de palier cette situation insupportable en de nombreux points, un collectif contre le racisme cherbourgeois exige la création d'un centre d'accueil des réfugiés depuis plus d'un an. La seule réponse qui leur a été apportée a été l'arrivée de renforts de CRS à la mi septembre, directement envoyés par le ministre de l'immigration et de l'identité nationale, Brice Hortefeux. Remonté au niveau national, le cas de Cherbourg inquiète. Pour autant, peu de solutions durables sont envisagées.

Le statut des Irakiens

A Cherbourg, les interpellations de clandestins se multiplient. N'en déplaise à certains, les forces de l'ordre sont systématiquement obligées de relâcher les immigrés irakiens qu'ils arrêtent. « Ils ne sont pas expulsables. Leur pays est en guerre. A Cherbourg, nous avons une tradition d'hospitalité, mais l'État est incapable de donner un cadre législatif satisfaisant pour gérer humainement la question de ces migrations d'urgence. », explique Bernard Cazeneuve. La législation française donne en effet aux Irakiens, et à quelques autres nationalités, un statut particulier. Clandestins sur le territoire national, la police aux frontières (PAF) est en droit de les arrêter mais le préfet ne peut ordonner à leur encontre un renvoi. Il ne peut que les « inviter » à rentrer chez eux, en Irak, où la guerre continue. Les autres migrants arrêtés sont, eux, systématiquement reconduits vers leur pays d'origine. Si la ville de Cherbourg déclare alerter régulièrement la préfecture de l'évolution de la situation, peu de choses ont changé sur place ces derniers mois. « La municipalité ne prendra pas le risque de se substituer à l'État en organisant l'accueil de réfugiés Irakiens alors qu'elle ne dispose ni des compétences, ni des moyens de cet accueil. », relate le maire. Afin de trouver une solution humaine acceptable, l'Etat doit intervenir et en particulier, le président de la République, Nicolas Sarkozy qui, en 2002, alors ministre de l'Intérieur, avait ordonné la fermeture du centre de Sangatte.

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Floriane Bléas
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