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Floriane Bléas
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27 mars 2008

Singulièrement non ordinaire

Puisque je ne suis pas vraiment rancunière, j'ai acheté le dernier livre de David Abiker Contes de la télé ordinaire. J'ai mis de côté le fait qu'il m'avait promis Le mur des lamentations et qu'il ne me l'a jamais envoyé ! Ces hommes, tous les mêmes, à vous promettre monts et merveilles ...

Avec ce troisième ouvrage, David Abiker aborde son rapport aux images et à la télévision. En cinquante petites histoires rédigées entre 2005 et 2008, il balaye subjectivement le PAF : le patriarcale Patrick Poivre d'Arvor, la sulfureuse Carole Gaessler ou la redoutable Laurence Ferrari. Mot après mot, le chroniqueur radio décortique la mort du pape, épluche l'enlèvement de Florence Aubenas, réexamine l'affaire des bébés congelés avec un humour toujours aussi cinglant. David Abiker décrypte une télévision qu'il aime et se souvient d'une époque : « C'était avant qu'on critique la télévision et qu'on explique aux parents qu'il fallait en éloigner leurs enfants passés une certaine heure. » Car, pour lui, la sentence est sans appel : la télé va disparaître « Je prends des notes car je veux pouvoir témoigner de la fin, je veux pouvoir raconter aux ecouvnfants de mes enfants, à quoi ça ressemblait une publicité. Je veux leur dire qui était Poivre, cet homme à la parole magique qui disait « Madame, Monsieur Bonsoir » à des gens qui n'étaient pas dans la même pièce que lui. » Il rappelle à toute une génération le film du mardi soir : celui pour lequel il n'y avait même pas à se battre puisque le lendemain, il n'y avait pas école. « Maintenant, le mardi soir, il y a des émissions de coaching. Un psy, une baby-sitter ou un animateur débarque dans la vie des gens pour les aider à « gérer leur côté obscur »

Voyeurisme médiatique

Derrière cet humour corrosif, David Abiker m'omet pas de prendre partie contre la peopolisation de l'information, contre un gouvernement au sein duquel Brice Hortefeux à un rôle taillé sur mesure : «  faire salaud lui va si bien au teint que c'est injuste », contre un voyeurisme médiatique propre au petit écran qui n'hésite pas à mettre en lumière de façon tout à faire arrangé, l'évacuation de mal-logés parisiens : « Qui veut donc voir ça ? Les mal-logés ? Les Parisiens ? Ils ne sont certainement pas favorables à ces vidages forcés. Les téléspectateurs ? Non, moi je n'ai pas demandé qu'on me montre l'entrée fracassante en plan large d'un groupe de CRS chargés d'évacuer un squat. Je trouve le plan esthétiquement magnifique, l'occasion de filmer inespérée mais il me reste quelques gouttes d'humanité et je trouve donc que cette image de « rafle, comme si j'y étais » ne sert strictement à rien. Cette image ne sert à rien, elle est illégitime, sans morale, sans nécessité, sans utilité. C'est une image organisée, un coup monté légal, les cameramen et les preneurs de son ont eu le temps de s'installer, d'attendre face à la porte qu'on va défoncer. La seule utilité de ce plan indigne est de nous convaincre que l'Etat ne fait pas rien. L'état ne fait pas rien, il fait pire. »

Avec la plume qu'on lui connaît, David Abiker livre avec Contes de la télé ordinaire un ouvrage aussi subversif que drôle. A lire au lieu de s'avachir devant la télé.

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Floriane Bléas
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